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 [DIV] Sur les routes, par C. Souffle Braise

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Raedric Stornfeld
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Raedric Stornfeld


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MessageSujet: [DIV] Sur les routes, par C. Souffle Braise   [DIV] Sur les routes, par C. Souffle Braise EmptySam 26 Oct - 0:26

HRP : Cet écrit n’est pas une production du Salon mais un écrit de Cleyam. Le Salon a obtenu en HRP la permission de l'auteur de le poster. Le récit est consultable ICI.

Sur les routes
Par Cleyam Souffle Braise

~ Ce n'est pas le but de la promenade qui est important mais les petits pas qui y mènent. ~


Cleyam vérifia une dernière fois les sangles maintenant le tonneau dans son dos. Tirant d'un coup sec dessus, il fut satisfait de ne pas sentir le fût broncher, ficelé au harnais dans son dos de telle sorte qu'il n'oscillait même pas lorsque le pandaren se mouvait avec sur le dos. Son paquetage se trouvait accroché sur le dessus du-dit tonneau, de bonne taille, et il tenait également un tonnelet sous le bras, ainsi que son bâton de bambou dans la main droite en guise d'appui pour la marche.

Lorsqu'il descendit au rez-de-chaussée de l'auberge du Quartier des Nains dans laquelle il avait élu domicile durant ces deux premières semaines de vie au sein de la cité d'Hurlevent, il se dirigea vers le comptoir, et vers le tenancier, un nain bourru mais doté d'un coeur d'or, qui le regarda approcher en silence, tout occupé à nettoyer une chope sale avec son torchon qui ne le quittait jamais, d'après ce que le moine avait pu en constater.

"- Alors comme ça, ça y est, vous fichez le camp ?" lui lança enfin le petit barbu, en levant son regard vers celui dissimulé sous l'ombre d'un chapeau de paille du pandaren.

"- Moi, oui, il est vrai ! s'esclaffa Cleyam, en déposant ses dernières pièces d'or, celles qu'il avait obtenu en réalisant cette quête en Elwynn la semaine précédente. Néanmoins, ne vous en faites pas ! Mes semblables, lorsqu'ils se seront un peu habitués à vos moeurs, ne tarderont pas à se faire plus présents, et vous pourrez alors goûter à nos bons petits plats et à nos chansons !"

Le gérant eut un reniflement, comme pour bien lui faire comprendre ce qu'il pouvait penser de la nourriture d'hommes-ours dans son genre. Il récupéra les pièces ayant servi à louer la chambre du pandaren, qu'il fit rapidement disparaître de la vue des badauds présents également au comptoir, qui peuvent rapidement se voir naître des vocations de tire-laines en ces temps troublés de guerre ouverte. Le nain lança néanmoins un regard en disant long au brasseur avant de conclure :

"- N'allez pas vous faire buter, hein..."

Avec un demi-sourire dévoilant quelques crocs, le moine acquiesça avant de déposer le tonnelet qu'il avait gardé sous le bras sur le comptoir, là où se trouvaient auparavant les pièces d'or. Le petit homme eut un moment d'incompréhension, levant un regard interrogateur au paisible homme-bête, qui en guise de réponse, s'inclina en signe de respect, avant de se retourner et de se diriger vers la sortie en laissant le tonnelet là où il l'avait posé, s'exclamant :

"- Profitez-en bien, ce n'est pas de la seconde main ! Considérez cela comme mon paiement pour la prochaine fois que je descends chez vous !"

Sans se soucier de la tête que pouvez faire le nain en réalisant le présent qui venait de lui être fait, Cleyam passa la porte et se retrouva dans la cohue agitée de la rue qu'il avait parcouru de nombreuses fois déjà depuis qu'il était arrivé dans la capitale. Attirant malgré lui les regards, en massif boule de poils vêtue de vêtements pourpre et or, il descendit la rue vers les canaux menant au palais et à la Vieille Ville, tandis que derrière lui les passants lui jetaient des regards indécis.

Bien conscient d'être la curiosité de service parmi cette masse pourtant très hétéroclite d'individus de races divers et variées, le brasseur combattant se permit d'espérer que lors de sa prochaine visite en ville, les siens auraient eu le bon sens d'un peu s'intégrer à leurs nouveaux alliés, au lieu de rester cloîtrés sur leur petite île. Il avait bien évidemment énormément de respect pour Aysa, leur meneuse au sein de l'Alliance, mais il avait tendance à se demander si elle ne restait pas parfois un peu trop passive, même pour une tushui.

Pour sa part, il n'avait jamais accepté de rejoindre l'un ou l'autre des deux courants de pensée en vigueur chez les moines, trouvant un peu ridicule de devoir forcément s'enfermer dans des codes de conduites dénaturant la façon d'être de tout un chacun. Néanmoins, il fallait bien admettre qu'après les évènements de l'Île Vagabonde, il aurait été hors de question de suivre ce Ji Patte de Feu. Il trouva d'ailleurs, après réflexion, assez étrange que lui-même étant assez imprudent, reproche la même chose à cet homme.

Se promettant de se montrer décidément plus sage à l'avenir pour ne pas finir par faire les mêmes folies que le chef des pandarens ayant ralliés la Horde, le moine venait tout juste de passer l'arche menant aux canaux, sur lesquels défilaient des barques remplies de marchandises diverses, et s’apprêtait à franchir le pont, en se gardant bien de regarder l'eau en contrebas, restant au centre du chemin. En effet, s'il y avait bien une chose dont Cleyam voulait se passer, c'était de se trouver confronter à son vertige.

Se retrouvant à présent sur le pourtour de la Vieille Ville, dans laquelle il ne s'aventura pas ce jour-là, le brasseur continua son chemin jusqu'au Quartier commerçant, dont on pouvait entendre la clameur de la foule avant d'y entrer. Se hâtant sous l'ombre de la multitude de montures volantes fendant les cieux au dessus de l'endroit, parmi les innombrables échoppes de marchands et groupes de voyageurs, d'aventuriers ou de citoyens en train de discuter dans un brouhaha de dialectes entremêlés, il poursuivit sa route vers les portes de la ville.

Comme à chaque fois, il fut un moment ébahi devant ces grandes statues aux traits des héros de l'Alliance, honorant des hommes et des femmes dont il ne connaissait guère lui-même les exploits, mais dont la simple prestance leur donnait une sorte d'aura d'héroïsme. De même, il resta un moment interdit devant les cicatrices laissées par le passage d'Aile-de-Mort, créature dont il était bien content de n'avoir jamais connu le courroux destructeur.

Enfin, il se retrouva en Elwynn. Le couvert des arbres apportait un peu de fraîcheur à ces dernières journées d'été gardant les vestiges de chaleur du mois d'Août, ce dont il n'allait pas se plaindre, avec sa grosse fourrure et sa carcasse imposante très vulnérable aux grosses chaleurs, il fallait bien l'admettre. Afin d'accompagner sa marche, Cleyam se remémora la chanson de Liu Lang, qu'il avait évoqué avec Heyte Nografe et Michal Loumis quelques jours plus tôt, et se mit à chanter en marchant...

Ce que chante Cleyam durant le reste de sa marche, bien que de manière un peu fausse.


Bien décidé à profiter de sa marche, le pandaren évita le Comté-de-l'Or, cette fois-ci, peu décidé à y recroiser les individus étranges qu'il avait déjà du supporter lors de son dernier passage. Coupant à travers les fourrés, vers l'Ouest, il s'enfonça dans les bois d'un pas serein tandis qu'il s’éclipsait de l'emprise de la civilisation. A part quelques fermes isolées, dont il n'approcha pas, l'endroit était totalement dépourvu d'autres personnes, aussi loin que portait le regard.

S'aidant de son bâton de marche pour écarter la végétation envahissante, le moine resta concentré sur son itinéraire afin de ne pas tomber sur un piège à ours ou ce genre d'objet qu'affectionnent les trappeurs, ainsi que pour ne pas débouler dans une clairière occupée par une meute de loups, par exemple. Si le vieil Ythan l'avait roulé pour le "vendre" à la Horde, il avait au moins eu le mérite de lui expliquer pas mal de choses sur les dangers pouvant se trouver dans ces bois, ce qui lui était bien utile.

Après quelques temps, le pandaren découvrit un petit lac alimenté par une cascade, de l'autre côté duquel se trouvait une ferme. Tout en gardant un oeil sur l'habitation, Cleyam vint regarder son reflet dans l'eau cristalline, tiquant toujours un peu sur ces deux belles cicatrices dont il avait hérité et dont la présence lui semblait toujours étrange. Retirant un instant son chapeau pour aérer son crâne ainsi que pour se gratter la tête, il s'assit un instant sur la rive.

Profitant de la pause, il retira ses bottes de marche afin de tremper ses pattes dans l'eau, dans un soupire d'aise, puis apprécia le silence reposant de l'endroit. Toujours intrigué par cette bâtisse de l'autre côté du point d'eau, bien qu'il ne sache réellement pourquoi, le brasseur eut du mal à réellement profiter de ce moment de détente, et sous peu, il reprit la route en contournant la ferme, évitant sans le savoir un des repaires de bandits de la région.

Bientôt, il devrait retrouver la route, et de là, pouvoir s'aventurer vers les marches, toujours plus à l'ouest du Royaume de Hurlevent. Sa véritable aventure commençait, à présent, et il comptait bien, au cours des semaines à venir, découvrir tout ce que les terres humaines avaient à lui montrer. La route serait longue, mais nul doute à ses yeux, qu'il trouverait en chemin de quoi confectionnait de nouvelles recettes de bière incroyables !

Cela faisait à présent une semaine qu'il avait pris la route. Une semaine que ses pattes avaient cessées de fouler les pavés abîmés d'Hurlevent, la glorieuse capitale de l'Humanité et sans doute, de l'Alliance. Et bien qu'il ne soit pas un vulgaire voyageur dépourvu de capacités, il était aisé de constater que ces sept jours n'avaient pas été de tout repos pour le brasseur. Crapahutant sur la partie la plus abrupte d'une pente, cherchant à en atteindre le sommet, il s'essuya le front, perlé qu'il était de sueur.

Chaque pas faisait crisser l'herbe sèche et jaunâtre s'étendant sous ses pieds, et au dessus de sa tête, le soleil de plomb qui venait agresser cette terre lui aurait sans doute causer une sacré insolation s'il n'y avait pas eu son chapeau de rizière pour l'en préserver. Réajustant justement celui-ci qui commençait à glisser, Cleyam fit encore quelques efforts pour atteindre son but, c'est-à-dire le petit surplomb, dont il avait commencé l'ascension quelques minutes plus tôt.

Au sommet, il eut enfin la vue dégagée qu'il recherchait depuis son entrée dans les marches. Il n'avait pas recherché de tel endroit en Elwynn, où la végétation lui cachait la vue, mais de l'autre côté du cours d'eau tombant des chutes du Tonnerre, la question ne se posait pas. Cet endroit était aride. Sans doute pas autant qu'un réel désert, mais c'est tout du moins le sentiment qui en dégageait aux yeux du pandaren, habitué à des terres plus prospères.

Un tel paysage à perte de vue ne parvint guère à le guérir de l'air morne qu'il abordait depuis la découverte du sinistre destin de Theramore, plus tôt dans la semaine, dans un poste frontière entre les deux régions, où il avait passé une autre nuit. En lisant la Gazette il s'était pourtant bien douté que ce genre d'évènements surviendraient sous peu, mais la nouvelle lui avait tout de même fait un choc, à lui qui, il le réalisait maintenant, savait si peu des choses de la guerre.

Il ne connaissait personne qui eut vécu dans les ruines fumantes de la ville si éloignée, mais il ne pouvait s'empêcher de ressentir une colère sourde à l'idée des pauvres âmes brisées par cette abomination. Comment pouvait-on être suffisamment cruel pour écraser ainsi hommes, femmes et enfants sans distinction aucune ? Comment pouvait-on prêcher sur l'honneur en n'osant pas même laisser à l'adversaire une chance de se défendre ?

Non, décidément, les membres de la Horde ne devaient pas avoir une once d'honneur, ou bien celui-ci n'avait pas la moindre similitude avec celui que le moine avait appris. Grommelant cette pensée, le pandaren s'assit sur la colline et sortit de son sac une feuille de parchemin, ainsi qu'un bout de charbon, dont il se servit pour dessiner une carte de ce qu'il avait sous les yeux, afin de se repérer davantage dans cette région si morne.

Depuis la seconde chute de la Confrérie Défias, la région n'avait guère échappée à sa misérable existence, toujours si difficile à reprendre en main par le Royaume qui avait à faire avec une guerre l'opposant à des ennemis sanguinaires, la fin du Destructeur ne leur ayant apporté que quelques mois de répit à peine. Pouvait-on d'ailleurs parler de répit, aux vues de toutes les escarmouches ayant eu lieu depuis le début d'année dont Cleyam avait eu vent ?

Dans un soupire, il se demanda s'il avait eu raison de s'engager dans un tel conflit. Ne ferait-il mieux pas de faire son bonhomme de chemin seul en laissant tous ces fous s’entre-tuer, puisqu'ils y tenaient tant ? Après tout, malgré son aspect austère, cette région restait si dépaysante qu'elle en était passionnante à ses yeux. Peut être aurait-il plus intérêt à rester en marge de toutes ces choses trop grandes pour lui, tout juste bonnes à l'écraser sous le poids des conséquences.

La carte fut bientôt achevé, associant ce qu'il voyait à ce qu'il avait déjà parcouru, lui permettant de déduire dans quelle direction il pourrait Ruisselune, la ville dont on lui avait parlé dans un repère de sans-foyers, où il s'était fait rapidement intégré après avoir offert sa dernière cuvée réalisée grâce à du houblon trouvé dans la région. Il avait ainsi laissé un bon tonneau de son "Rayon des marches", une bière blonde amère, aux mains de ses informateurs, avant de s’éclipser la veille.

La descente fut bien plus aisée que la monté, mais elle ne lui permit pas de se défaire de ses idées noires. On avait beau dire, même pour un moine habitué à contenir ses émotions, toutes ces nouveautés auxquelles il était confronté, en dehors de la bulle paisible de l'Île Vagabonde, rendait ses anciennes certitudes bien moins solides. Et seul le temps et la réflexion saurait le décider à choisir sa voie, une fois pour toutes.

Malgré toutes ses suspicions, le gros brasseur arriva bientôt dans une bourgade qui, dans ses temps de gloire, avait du être un relais pour les marchandises acheminées entre les exploitations fermières du nord de la région et la ville de Ruisselune. A présent, l'endroit ressemblait plus à une ville fantôme, avec ses nombreuses maisons aux fenêtres condamnées, dont les structures en bois desséché grincé sous les assauts du vent.

A vrai dire, sa première impression s'avéra être la plus probable, car l'endroit semblait s'être vu totalement déserté par la moindre âme ayant pu vivre là, et seul la brise qui slalomait entre les habitations du hameau se faisait entendre. Las de sa journée de marche et des idées noires qui lui gâchait le plaisir de voyager, le moine brasseur décida de passer la nuit dans cet endroit lugubre, et chercha ce qui fut jadis une taverne, pour s'y abriter du vent sec de la Marche.

Quelle ne fut pas sa surprise, en s'approchant du grand édifice s'en approchant le plus, de tomber sur une gamine humaine, à la chevelure blonde ébouriffée, qui tirait de l'eau d'un puits dont il aurait pu jurer que dans un tel endroit, il serait asséché. En le voyant approcher, l'enfant se figea, visiblement effrayée par Cleyam, qui chercha à se faire rassurant. Lui montrant ses pattes pacifiquement en lui souriant amicalement, il prit la parole :

"- Bonjour, petite ! Pourrais-tu m'indiqu..."

Ne lui laissant pas le temps de finir sa question, la gamine partit à toutes jambes vers la taverne délabrée et y entra, laissant le brasseur combattant dépité et seul. Avec un léger haussement de sourcil, ayant oublié ses réflexions du reste de la journée face à une telle réaction, il se décida à s'approcher, afin de s'excuser auprès de la gamine et de ses parents pour la frayeur qu'il lui avait fait sans le vouloir...

S'approchant de manière bon enfant de l'édifice, emplit de l'innocente idée de venir faire ses excuses pour son apparence peu conventionnelle aux yeux des habitants locaux, Cleyam se demanda tout de même pourquoi l'endroit avait été laissé se dégrader par les habitants. Il ne devait vraiment pas faire bon vivre dans cette région si le simple fait de garder une maison en état s’avérait être au dessus des moyens des habitants. Attristé par cette idée, il poursuivit sa route.

Il allait pousser la porte de la taverne à moitié sortie de ses gonds, lorsqu'il entendit un éclat de voix provenant de l'intérieur de la bâtisse. Teintée de colère, elle semblait être d'un homme, sans doute un humain, grave mais éraillée, faisant penser à celle d'un crieur public dans ses vieux jours tant elle était distordue. Fronçant légèrement les sourcils, le pandaren arrêta son geste, la main toujours sur la porte, et tendit l'oreille à ce qui se disait :

"- Mais bon sang, vas-tu te taire, sale gosse ?! Tu n'es qu'une bonne à rien ! On accepte de d'accueillir parmi nous et tu n'es même pas fichu d'aller chercher de l'eau pour le repas ! Et tout ce que tu trouves comme excuse pour fainéanter, ce sont des histoires d'ours sur deux pattes !"

Le bruit d'un coup, suivit des sanglots étouffés de l'enfant, firent davantage froncer les sourcils du moine, qui poussa aussitôt l'ouverture abîmée de l'endroit en prenant l'air le plus innocent possible. Faisant quelques pas à l'intérieur, il chercha à obtenir le plus d'informations possible en balayant la pièce de son regard dissimulé dans l'ombre de son couvre-chef. Ce qu'il vit ne s'approchait guère de ce à quoi il s'attendait en s'approchant.

Totalement délabrée, la vieille auberge était jonchée des débris d'anciens meubles brisés, de quelques bouteilles vides ainsi que de restes culinaires, le tout recouvert de pas mal de poussière. Les meubles détruits semblaient avoir servis à condamner les fenêtres, et il ne restait qu'une table et quelques chaises encore utilisables, bien que branlantes. Plongé dans la pénombre, l'endroit n'était illuminé que par une unique lanterne, posée sur la table rescapée.

Assis à celle-ci, deux hommes le regardaient, bouche bée, sans doute en train de s'interroger sur leurs consommations d'alcool récentes, devant l'improbable apparition de ce gros bonhomme velu à tête animale. L'un d'eux, borgne et l'orbite apparente, avait le visage mangé par une épaisse barbe brune, son crâne caché par un bonnet bleu marine, et vêtu d'un ensemble de tissu usé aux couleurs dépareillées. Son compère, plus proche, avait une bouteille de vin à la main, vêtu de cuir noir, et le visage masqué par un bandeau ton sur ton.

Aux pieds de ce dernier, l'enfant que le brasseur avait effrayé involontairement était prostrée, se tenant le visage, dissimulant ainsi les séquelles de la colère du buveur. Les deux bougres se levèrent d'un geste, le barbu attrapant sa masse sur la table, tandis que son compère dégainait une épée courte. Mettant un coup de pied à la gamine pour la dégager de son passage, l'homme masqué fit quelques pas vers Cleyam en le menaçant :

"- Bordel mais tu es quoi, toi ? Boarf, qu'importe ! Fiches le camp avant que je ne t'ouvre le bide !"

Pas besoin d'être un devin pour deviner, à sa voix hésitante et à son allure titubante, que l'individu avait abusé de l'alcool bien plus que de raison, et selon toute probabilité, son compagnon, en train de se maintenir debout en s'accrochant à la table, ne devait pas être bien plus frais. Si ces deux hommes avaient été seuls, sans doute se serait-il excusé avant de partir sans chercher querelle. Néanmoins, il porta son regard sur l'enfant apeurée.

A présent, il doutait fort que ces deux-là soient de sa famille, vu leur comportement révoltant, en comparaison de la culture pandaren. Ou s'ils l'étaient, il était plus que temps de leur remettre les idées en place, sinon quoi, la prochaine fois qu'ils souhaiteraient la punir, ce pourrait être à coup de masse ! Faisant donc lui-même deux pas vers l'épéiste, il prit la parole, sur un ton grave amplifié par sa voix de stentor, en le pointant d'un doigt accusateur :

"- Si vous êtes le père de cette enfant, vous feriez mieux d'aller cuver un peu histoire de revenir à la raison et d'aller voir si elle se porte bien !"

Il ne reçu pour réponse qu'un éclat de rire goguenard, à la tonalité pour le moins détestable, qui fut suivi sous peu de celle du complice resté en retrait, qui ponctua son hilarité d'oeillades à la gamine partie se cacher derrière le comptoir à moitié détruit. Le barbu révéla d'ailleurs une mâchoire à la dentition plus que parsemée, et le moine s'estima heureux d'être suffisamment loin pour ne pas sentir son haleine, qui devait être ignoble.

"- Son père ?! manquerait plus que ça ! Que la 'tiote soit contente qu'on l'ait pas laissé crever sur le pas de la porte, vu l'incapable qu'elle fait, ce serait tout ce qu'elle mérite ! Bon, maintenant dégage, le monstre, ou tu auras affaire à Fergus Helay !"

Soudain, l'homme se ravisa, ayant mieux détaillé le pandaren.

"- Oh non ! En fait, tu vas d'abord nous laisser tous ces beaux tonneaux que tu trimbales sur toi ! Tu es quoi au juste, le vendeur d'alcool de la foire aux monstres du coin ?"

Le détestable personnage s'approcha de lui, le menaçant de son épée, ayant bien vu que Cleyam ne possédait ni lame, ni hache ni masse pour riposter, ne s'attendant guère à beaucoup de résistance d'un bonhomme si gros et désarmé. D'autant que, s'aidant de son bâton de marche en bambou, le pandaren laissa glisser de ses épaules le harnais de son gros tonneau qu'il transportait à la manière d'un sac à dos, faisant mine d’exécuter les directives du brigand.

Quelle ne fut pas la surprise de ce dernier lorsque, arrivant à sa hauteur d'une démarche victorieuse, il eut à peine le temps de voir le coup de bâton qui vint frapper sa main avec fracas, lui brisant quelques phalanges, et le forçant à lâcher son épée, en associant ses cris de douleur au fracas du métal tombant à terre. Usant de son élan pou faire un tour sur lui-même dans la continuité de son coup, Cleyam frappa le soûlard au niveau de la tempe, mettant un terme à ses jérémiades de manière drastique.

Abasourdi, son compère, toujours près de la table, et aussi imbibé que le premier bandit terrassé, ne chercha même pas l'affrontement et tenta de quitter l'auberge en défaisant l'une des planches bloquant une fenêtre. Dans un grognement, le brasseur saisit l'un de ses tonnelets et, d'une main, le projeta vers le fuillard. Recevant cela sur la tête, ce dernier tomba comme une pierre, le projectile s'avérant assez lord malgré tout. Ayant mis fin au combat en une petite minute, le brasseur sermonna les hommes assommés, bien qu'incapables de l'entendre :

"- Quand on ne sait pas boire, on ne boit pas !"
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