Les intrigues Anstreedoises n°1
Par le Professeur Raedric Stornfeld, Hôte du Salon
La mort de la Marquise Lyse du Lac
Préambule :Le soir de l’achat par le Salon de la Baronnie de Noirforêt, je me suis rendu, seul, en direction de nos terres actuelles dans l’espoir d’y trouver une faune diversifiée et prospère, que je n’ai malheureusement pas trouvé.
J’ai cependant eu l’occasion de rencontrer un Agent de l’ISC, l’inspection pour la Sécurité Civile d’Anstreed, organisme fondé par le Duc Logan van Deverson pour assurer l’ordre sur ses terres. Après avoir discuté de choses sans grande importance, l’agent m’a confié trouver l’environnement d’Anstreed à la fois dangereux et étrange.
Après avoir invité ce dernier à m’en dire plus, il m’a conté l’affaire de la Marquise Lyse du Lac, dernière Marquise du Lac a avoir dirigé l’île-duché. C’est de cette affaire, fort suspecte et dont nous avons aujourd’hui développé notre savoir que je vais vous parler.
Les faits officiels :Dans les registres officiels, rédigés par le Commissaire de l’ISC et les enquêteurs du Duc, la dernière Marquise du Lac serait morte comme suit :
" Attaquée par des molosses au nord de l’île, et trainée à demi vivante vers la mine de la marée (extrême nord du comté ouest). […] Les chiens, sauvages et féroces l’auraient dévorée sur place. […] Elle a été retrouvée un moment plus tard, son corps étant lacérés par les molosses et des traces de trainées de sang menant vers l’intérieur. […]"J’admets, sur le moment, avoir été étonné par la situation. D’une part car elle était invraisemblable, je l’expliquerai plus tard, et d’autre part car ce qui suivrait m’a semblé d’autant plus étrange.
« La marquise a été enterrée peu de temps après, à coté du Manoir d’Anstreed […]. »Aucune réelle autopsie n’avait été réalisée, d’après l’agent que j’ai pu questionner.
L'enterrement précipité aurait été fait sur base d'une décision ducale. En la présence du Duc Logan van Deverson.
Discussion avec le Duc : Ma promenade sur l’île m’a finalement permis de faire la rencontre du Duc Deverson en personne accompagné de ses deux –magnifiques- molosses.
J’ai pu discuter avec ce dernier de l’affaire Lyse du Lac. Ce dernier m’a confirmé sans écarts ce que l’agent m’a confié peu de temps auparavant. Je me suis permis de lui donner mon avis sur les conclusions de ses enquêteurs. En d’autres termes, lui dire que ces dernières étaient invraisemblables et basées sur aucune compétence scientifique. Il m’a évidemment invité à m’expliquer, ce que j’ai fait. Je détaillerai par la suite mon explication.
Toujours est-il qu’il m’a demandé comment confirmer ma théorie. Je lui ai dit que celle-ci était probable à plus de 80%, mais ai tout de même indiqué qu’une autopsie du cadavre de la défunte marquise devrait pouvoir confirmer la cause de sa mort.
Il a toutefois refusé catégoriquement l’option.
Je n’avais à l’époque pas toutes les cartes me permettant de comprendre pleinement la situation à l’œuvre.
Les faits officieux :Je vais reprendre les dires de l’agent pour étayer mon analyse et la structurer.
"Attaquée par des molosses au nord de l’île, et trainée à demi vivante vers la mine de la marée (extrême nord du comté ouest). […] "Premièrement, les molosses sont des animaux vivant souvent en petites meutes organisées de manière somme toute assez primaire. Ces meutes vivent sur un territoire plus ou moins en retrait de la vie humaine. Même s'il s'agissait potentiellement de meutes en marronnage.
Bien que le jeu soit une activité socialement importante chez les chiens, la chasse revêt uniquement une connotation utilitaire à la survie de la meute. Le fait d’avoir trainer une victime à demi vivante est assez peu probable.
De même il est fort peu probable qu’une meute de chiens aient trainés ce qui serait devenu leur proie d’un point A à un point B. De surcroît si ce point B est une grotte/mine. Ces dernières étant bien souvent le foyer d’ours ou d’araignée géante qui mettraient la meute en difficulté.
"Les chiens, sauvages et féroces l’auraient dévorée sur place. "Pour la même raison qu’au dessus, il est fort peu probable que des chiens aient élu domicile dans une grotte/mine.
De même, l’attaque d’humanoïdes par des meutes de chien est assez rare. Leur instinct les pousse à éviter la présence humaine.
"Elle a été retrouvée un moment plus tard, son corps étant lacérés par les molosses […]"Ce point est hautement déterminant dans ma théorie.
Les molosses ont une morphologie du museau particulièrement adaptée à leur mode de chasse. Les plis et replis de peau présents sur leur museau court sont faits pour évacuer le sang de leur visage et principalement de leurs yeux. Leur permettant de continuer la lutte plus longtemps et plus efficacement.
L’attaque typique du molosse est une morsure vive, brusque et extrêmement puissante à un point précis du corps pouvant être pris entièrement dans la gueule de l’animal. Plus généralement, là où passerait un canal sanguin d’importance. Par exemple : La cuisse, le cou, … Une telle blessure est généralement fatale, et si elle ne l’est pas, la force de percée du chien rompt bien souvent une artère, faisant que la victime meurt exsangue sur place.
Les molosses ont des griffes peu développées. Elles ne leur sont que d’une faible utilité dans leur mode de chasse. Leur membre n’étant pas fait pour les utiliser efficacement.
Or, le terme lacération –et des questions m’ont permis de confirmer et auprès de l’argent et du Duc qu’il en s’agissait bien- indique des coupures allongées. J’invite à consulter le manuel du Docteur Hewert au sujet des premiers soins (chapitre 1.5) pour obtenir une illustration. Il aurait davantage dû s’agir de morsures (chapitre 1.2 de la même étude).
La victime n’aurait donc très clairement pas pu être tuée par de tels animaux.
Conclusion :Il ressort de mes connaissances actuelles que la Marquise Lyse du Lac, désespérée à l’idée de n’avoir aucun héritier, aurait légitimé son Second, le Baron Deverson pour lui succéder à la régence du Marquisat d’Anstreed.
Il ressort de mon analyse que la mort de la Marquise Lyse du Lac ne peut PAS avoir été causée, comme l’ont décrit les écrits officiels de l’ISC par une meute de Molosses.
L’enquête aurait donc été trompée volontairement par une force influente, ou par l’incompétence des enquêteurs.
Je laisse le soin aux membres éclairés du Salon de se forger une idée.
La mienne est faite.
Dernières précisions : J’ai rédigé cette publication non pas pour me détourner de mon étude normale des animaux, mais bien pour donner un cas concret d’utilité d’un savoir en Biologie animale dans des affaires civiles.
De même, j’espère que nous pourrons compléter cette publication d’autres pouvant attester soit de l’incompétence de l’ISC, soit de l’implication néfaste de forces extérieures dans des enquêtes judiciaires.
La lumière doit être faite par ceux qui la portent au quotidien.
Professeur Raedric Stornfeld
Hôte du Salon